Conférences 2018 - 2019

Roger FIX : " Les soins aux blessés pendant la 1ère guerre mondiale" ( 10 / 11 / 2018 )

Colonel Roger FIX
Colonel Roger FIX

 

Une guerre qui ne devait être qu’une promenade vers Berlin et qui s’éternisa quatre années ! Erreur d’appréciation, manque de préparation à tous les niveaux y compris celui du service de santé, tellement son incapacité fut grande dans les débuts. L’organigramme militaire semblait en haut lieu en tout point satisfaisant mais il correspondait à une guerre d’une autre époque. Par exemple, on s’attendait à des blessures par balles mais elles furent par éclats d’obus, sans compter les gaz dès 1916.

 

La lenteur des évacuations, souvent au début en ambulances hippomobiles, des transferts interminables et inconfortables vers les hôpitaux de l’arrière augmentèrent cruellement la mortalité chez les blessés qui avaient eu la chance d’échapper à la mort sur le terrain de combat.

Fort Miradou de Collioure - Lancé de ballons par les enfants des écoles en souvenir des blessés de la 1ère guerre mondiale
lancé de ballons en souvenir des blessés

 

Le réveil dans les états-majors fut cruel. Il fallut faire vite et une organisation devait vite s’adapter à une guerre du XXème siècle. Si le matériel manquait ou s’avérait obsolète, le potentiel humain se révéla compétent et très dévoué. Médecins, infirmières, brancardiers, chirurgiens faisaient le maximum tout en exposant leur vie. Le matériel de soin et les techniques firent pourtant d’énormes progrès dans les pansements, les désinfectants ou bien la radiologie si bien que l’amputation qui était la règle dès la moindre blessure en 14 pour éviter en particulier les complications de gangrène se transformèrent en chirurgie réparatrice à la fin du conflit. À partir de 1916, l’aide des États-Unis en personnel médical et en ambulances aidèrent à améliorer la situation sanitaire. 

 

Que de morts et pourquoi ? L’homme et surtout les États sauront-ils en tirer une leçon ?

 

Conférence magistrale du Colonel Fix suivie par un public nombreux de Colliourencs qui au hasard de l’exposé reconnaissait les souffrances d’un aïeul.

Jean-Paul MARTIN : "L’épopée du Lamparo en Catalogne nord " ( 01/12/2018 )

Jean-Paul MARTIN Instituteur qui a beaucoup étudié le milieu de la pêche avec les parents pêcheurs de ses élèves.
Jean-Paul MARTIN

 

Les « Amis de Collioure » ont eu le plaisir de recevoir Monsieur Jean-Paul MARTIN qui retraça, au fil des époques, la vie des pêcheurs sur la Côte Vermeille depuis la frontière d’Espagne jusqu’à la falaise de Leucate.

 

La pêche à l’art, la pêche au filet sardinal puis au lamparo, enfin au filet pélagique ont tour à tour été décrites avec force explications sur les techniques, les embarcations, le mode de vie de ces hommes de la mer, leurs baraques entre étang et mer, leurs coutumes désormais disparues, tout un savoir-faire définitivement détruit. Ce peuple de la mer composait une société archaïque qui, en peu de temps, une vingtaine d’années tout au plus, a pratiquement disparu dans l’indifférence générale. 

Livre écrit par Jean-Paul MARTIN sur la pêche au lamparo en catalogne
Auteur : jean-Paul MARTIN

 

Le secteur de la pêche professionnelle autour du golfe du Lion est désormais en crise profonde et seuls quelques « petits métiers » vivotent. La faute en sont la disparition du plancton, la surpêche, la destruction des herbiers littoraux refuge des poissons pélagiques par le raclage des fonds sableux et bien sûr toute une économie nouvelle de la distribution du poisson.

Avec ce métier de la pêche disparaît aussi toute une culture, un vocabulaire, une tradition qui semblaient immuables. Cependant d’autres manières de vivre se font jour. Ne nous laissons pas enfermer dans le dire de Valéry : « Nous autres civilisations savons que nous sommes mortelles ! ». Des jours nouveaux sont à construire.

 

La conférence dédiée à l’histoire de la pêche locale a largement intéressé les Colliourencs qui, peu ou prou, sont issus de familles de pêcheurs.

Hélène LEGRAIS : "Perpignan insolite" ( 12 / 01 / 2019 )

Perpignanaise de cœur et de toujours, Hélène Legrais s’attache à faire connaître sa ville, son histoire, son urbanisme et surtout la marque laissée par ses habitants sur ses murs et dans les moindres ruelles de leur cité.

Perpignan écrit par Hélène Legrais
Perpignan insolite

 

Le pôle séculier avec la Loge de mer, l’Hôtel de ville et la Députation et plus loin le pôle religieux avec Saint-Jean le vieux, l’église Saint-Jean-Baptiste qui deviendra cathédrale et le Campo Santo, forment deux quartiers peu à peu réunis par un enchevêtrement de fabriques et de commerces de draps. Loin, quasiment en dehors de l’animation de cette cité trône le Palais forteresse de Jacques II, Roi de Majorque au XIIIème siècle. La ville va lentement réunir ces trois pôles et s’étendre au-delà de la Basse et même de la Têt.

 

Ce schéma d’installation de la ville charpente l’exposé de Madame Legrais qui détaille les constructions, les défenses élevées contre les espagnols jusqu’à l’époque de la Convention, puis la nécessité pour Perpignan de s’ouvrir à l’extérieur avec la démolition de nombreux remparts.

 

En bonne historienne et chroniqueuse, Madame Legrais sait enrichir son exposé d’anecdotes nombreuses et souvent fleuries concernant les célébrités politiques, économiques et artistiques de la ville.

 

L’auditoire nombreux a été conquis par cet exposé vivant de plus de deux heures trente. Merci encore Madame Legrais !

Assemblée Générale de l'association - 7 février 2019

Les adhérents se sont réunis en Assemblée générale
A.G. des Amis de Collioure

 

Les adhérents des "Amis de Collioure" se sont réunis en Assemblée Générale.

La secrétaire a fait le rapport d'activités en rappelant les caractéristiques de chaque conférence.

Le trésorier a lu le rapport financier qui avait été contrôlé par le vérificateur aux comptes.

Ces deux rapports ont été votés à l'unanimité.

 

 Le Président présenta le projet des nouvelles conférences et donna un choix de destinations pour la prochaine sortie.

 

 

Armand Aloujes présente un récit sur la vie des habitants de Collioure au début du siècle.
Armand ALOUJES

 

L'Assemblée écouta ensuite avec plaisir un récit "Fa temps" de monsieur Armand Aloujes concernant la vie des pêcheurs au début du siècle. 

Nous avons retrouvé, avec intérêt, ce que Jean-Paul Martin nous avait expliqué dans sa conférence sur l'épopée du Lamparo.

Mr. Jean HEINRICH : "L'Intelligence économique, une nouvelle forme de guerre ?" 16/02/2019.

le Général de Corps d’Armée Jean Heinrich en conférence à Collioure
le Général de Corps d’Armée Jean Heinrich

 

Fort d’une expérience de toute une vie dans les hautes sphères de l’État, le Général de Corps d’Armée Jean Heinrich a rassemblé, par des exemples vécus, les faits ou décisions politiques et économiques prises entre les États. Le Renseignement (Intelligence) est à la source de grandes orientations ignorées du grand public et vont souvent à l’encontre de la simple compréhension populaire. Les luttes d’influence, les rapports de force, les mesures de rétorsion qui bien souvent échappent à la connaissance du public semblent devoir de plus en plus régler la marche du monde selon des critères étrangers à la logique, à l’humanisme et bien souvent en dehors de toute morale.

 

La communication moderne est largement et sournoisement utilisée : campagnes de fausses nouvelles par les réseaux sociaux, attaques boursières sont joints aux jeux diplomatiques traditionnels, tout un entre soi insoupçonné de manœuvres bien éloigné des a priori politiques.

Centre Culturel de Collioure avec Le Général Jean HEINRICH
Centre Culturel de Collioure

 

La France, souvent bien naïve, figée dans sa tradition humaniste semble mal préparée à ce combat pour l’avenir. Cependant, elle apparaît aussi bien armée que les autres dans le domaine des techniques nouvelles de communication.

 

 

L’auditoire, particulièrement nombreux, est resté subjugué par autant de révélations inquiétantes.  

Jacques SAQUER : "L’étonnante république contrebandière de Banyuls" ( 02 / 03 / 2019)

Jacques SAQUER - historien - agrégé de l'université
Jacques SAQUER

Laborieusement définie par le Traité des Pyrénées, la frontière franco-espagnole dans la partie orientale des Pyrénées ne s’est véritablement imposée aux frontaliers qu’au cours du 19ème siècle. En effet, dès la fin du 18ème siècle, de 1780 à 1850, des dangers croissants apparurent pour l’ordre public français et même espagnol dans cette zone frontière.
Les “fils de Banyuls”, rudes gaillards, à peu près isolés et condamnés à vivre durement de leurs maigres terres en terrasse choisirent, pour améliorer leur sort, de saisir toutes les occasions que leur offrait la mer, y compris les moins avouables. Le fait d’être frontaliers français fut une bonne occasion de faire de la contrebande du tabac depuis Gênes qu’ils entreposèrent très provisoirement dans des cavités naturelles (covas) assez nombreuses sur leur côte schisteuse ou du sel depuis Gibraltar ou des salins du Languedoc. Cette organisation efficace fut constamment améliorée.
Ainsi Banyuls, riche de ses huit « sociétés » (de contrebandiers) devenait un centre de distribution « ignoré » par l’autorité française qui ne voyait pas la nécessité de troubler cette économie locale bien huilée. Mais il rencontrait davantage de difficultés du côté espagnol, ce qui peut nous conduire à mieux interpréter l’histoire de “l’héroïque” résistance qu’opposèrent les habitants de Banyuls, vieillards, femmes et enfants compris, à l’invasion espagnole de 1793. La frontière était leur gagne-pain et leur propriété, il fallut attendre les atrocités qu’ils vinrent à commettre sur les douaniers espagnols pour que les instances françaises réagissent enfin.

 

En parallèle de ce tableau si particulier, le conférencier, agrégé de l’Université, décrivit avec le brio d’un historien chevronné les actions contemporaines de Jaubert de Passa, Prosper Mérimée, François Arago ou du Préfet de Villeneuve-Bargemon.

Clarisse RÉQUÉNA : « Prosper Mérimée dans le Roussillon »  30 / 03 / 2019

Clarisse REQUENA  -Conférence à Collioure 66 concernant Prosper Mérimée
Clarisse REQUENA

 

Le propos de Madame RÉQUÉNA a d’abord été de décrire le milieu dont Prosper Mérimée était issu. Une famille d’artistes depuis longtemps intéressée par l’art sous toutes ses expressions et par la littérature. À cet intérêt profond, Prosper y ajouta une vive curiosité pour l’ailleurs ce qui explique que, rarement à Paris, muni de ses carnets d’annotations et de ses cartons à dessin, il parcourut pratiquement non seulement toute la France mais souvent l’Europe au cours de ses nombreux voyages (en diligence) afin de découvrir ce que le temps avait bien voulu préserver en fait d’architecture monumentale.

 

Ses amis de jeunesse, François Arago et Jaubert de Passa dans son domaine de Monastir del Camp l’aidèrent à découvrir le patrimoine architectural du Roussillon : le cloître d’Elne, l’église Saint-Jean-le-vieux à Perpignan, les églises du Boulou, de Corsavy, de Planès, de Coustouges, le prieuré de Serrabone et bien sûr le cloître de Monastir del Camp, entre autres retinrent l’attention du tout nouveau, premier et seul inspecteur général des Monuments historiques.

Sa tâche fut de répertorier les œuvres qui devaient être incluses dans le patrimoine, de faire en sorte de les protéger des démolisseurs, des antiquaires ou même de leurs propriétaires qui entendaient modifier leur forme ou leur apparence, et quand les finances le permettaient de lancer les premiers travaux de restauration à l’aide d’artisans qu’il sélectionnait.

 

Ses pérégrinations lui permirent par ailleurs de donner libre cours à sa passion pour l’écriture puisque son passage dans la vallée de la Têt lui permit de rédiger « La Vénus d’Ille », confirmant le talent qu’il avait révélé dans l’écriture de Carmen.

L’auditoire de nos conférences, de plus en plus fourni, a apprécié l’exposé de Madame RÉQUÉNA, Docteur en littérature française, qui a su camper la vie et l’action de Mérimée dans un contexte de prise de conscience de notre société du XIXème siècle pour la richesse de son patrimoine.

Stéphanie Xatart : « Le Fauvisme et les Arts non-occidentaux » (04/05/2019)

           Le titre de la conférence constituait en lui-même une promesse de liaison entre un art que nous connaissons et d’autres que nous ne demandions qu’à découvrir.

Stéphanie Xatart en conférence à Collioure
Stéphanie Xatart

     Madame Stéphanie Xatart a abordé de façon académique une analyse du Fauvisme qui a plu aux Colliourencs. Elle mit à jour les inspirations artistiques nouvelles, la rupture avec l’académisme et la tentative d’affranchissement des valeurs artificielles de la société fin XIXème, avènement d’une pratique artistique qui serait le reflet de la société contemporaine. En cela, les Fauves sont réellement modernes. Ainsi Henri Matisse qui a passé l’été 1905 à Collioure avec son ami André Derain a toujours nourri une profonde admiration pour Gauguin et ses recherches sur la couleur. Son voyage en Polynésie en 1930, l’a durablement marqué et inspirera notamment ses papiers découpés.

        Comment les œuvres majeures nées de telles rencontres ont-elles  été perçues par les artistes contemporains du Pacifique dans leur expression artistique ? Le Triptych de Shigeyuki Kihara et In Pursuit of Vénus de Lisa Reihana, deux œuvres récentes permettent d’enrichir ce dialogue tout en plongeant dans la réalité contemporaine de l’Océanie.  

Jean-André MAGDALOU : « La Massane » ( 08/06/2019 )

Un pic noir dans la forêt de la Massane dans les Pyrénées Orientales
un pic noir

 

La Réserve Naturelle Nationale de La Massane, couvre une des plus vieilles forêts du bassin méditerranéen. Sur 330 hectares, elle accueille une extraordinaire diversité biologique. Ne pouvant être qualifiée de forêt primitive puisque dans les temps anciens elle a largement connu l’empreinte humaine, elle est depuis 1882 un site protégé d’un grand intérêt pour les chercheurs invités à travailler et à explorer ses moindres recoins. Les travaux menés par le laboratoire Arago en collaboration avec des universités et d'autres organismes de recherches sont nombreux et montrent l'extraordinaire diversité du site et toute la beauté du vivant mais ils font aussi prendre conscience de la fragilité de la nature et de la nécessité de la protéger.

Jean-André Magdalou, chargé de missions scientifiques au laboratoire Arago de Banyuls sur Mer en conférence à Collioure 66
Jean-André MAGDALOU

 La hêtraie, rare dans cette latitude et dans son implantation aux abords de la mer, a en effet beaucoup souffert des suites de la sécheresse de 2003 alors que les quelques chênes blancs ont mieux résisté. Son exploration fait découvrir certaines espèces rares et connues uniquement de cet endroit. D'autres y ont été décrites pour la première fois, faisant de la Massane un lieu de référence. La particularité de ce type de réserve est que les arbres morts tombés au sol deviennent de véritables réservoirs de vie et plus de 900 individus de microarthropodes naissent de ce bois en décomposition. Plus de 1700 espèces de coléoptères sans compter les taupes, vers, acariens, champignons et virus de toutes sortes habitent ce sous-bois partout où la canopée géante et haute formée par les cimes des hêtres laisse passer les rayons de soleil.

Jean-André Magdalou, chargé de missions scientifiques au Laboratoire Arago, a su trouver les mots justes pour décrire ce site protégé, passionnant ainsi un large auditoire.

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